Publiée par Fourcherm@n le Mardi 17 Juillet 2007 à 08H17
Indéniablement, le jeu vidéo s'est naturellement porté depuis bien longtemps vers une orientation spectaculaire de son traitement ce qui pousse beaucoup de joueurs à parfois confondre un beau jeu et un bon jeu. La réussite technique d’un projet étant assimilée par certains à sa réussite, tout court. Dès lors que la technique a commencé à prendre une importance capitale dans notre perception du jeu vidéo (après tout, il s’agit bien aussi d’un plaisir visuel !), il était rationnel que chaque salon vidéoludique soit en proie à la question fatidique qui revient au détour de chaque allée et au cours de chaque discussion avec nos confrères : quel est le jeu le plus marquant de l’E3 ? Quel est le plus joli ? Une réponse à laquelle beaucoup répondent Killzone 2, auquel Sony a consacré une conférence toute particulière présentant une première scène jouée en temps réel. D’autres parlent de Crysis car il faut dire que le jeu de Crytek montré sous DirectX 10 est impressionnant à bien des égards. Et enfin, certains parlent contre toute attente de Call of Duty 4 : Modern Warfare, le nouveau jeu de Infinity Ward qui a le courage de venir titiller le grand GRAW d’Ubisoft sur son terrain de prédilection : la guerre moderne. Non vous ne rêvez pas, Call of Duty – série bien connue des amateurs de shooter basés sur la Seconde Guerre Mondiale – entame sa révolution et en a bel et bien fini avec cette période tragique de l’histoire pour s’attaquer à quelque chose de plus en phase avec l’air du temps. Mais évidemment, en ce lançant dans ce nouveau projet, Infinity Wars aurait eu tort de se priver du poids de son énorme licence Call of Duty, ce qui impliquait de réorienter la série au lieu d’en créer une nouvelle de toutes pièces. Présenté en version jouable, mais uniquement entre les mains expertes des développeurs de chez Infinity Ward, Call of Duty 4 était donc attendu au tournant par les journalistes suite à la vidéo du jeu diffusée quelques jours plus tôt et offrant un rendu visuel assez incroyable…
C’est d’ailleurs ce même niveau qui était présenté. Une mission commando se déroulant quelque part au Moyen-Orient alors que l’on nous a confirmé du côté de chez Infinity Ward que le jeu final ferait parcourir le monde entier au joueur. Une mission qui serait d'ailleurs un préambule à l'aventure et se déroulerait une dizaine d'années avant les événements relatés dans le jeu. Une démo à laquelle nous avons pu assister à deux reprises, une première fois sur XBox 360 et une seconde fois sur PS3, les deux plateformes qui accueilleront CoD 4 en dehors du PC. Et premier constat frappant, la version PS3 du jeu est nettement moins agréable visuellement que la version XBox 360. Selon Infinity Ward, cela est principalement dû à la plateforme de développement, davantage maîtrisée sur X360 depuis Call of Duty 2 même si l’on nous promet que cette différence notable de rendu n’aura plus lieu d’être sur la version définitive de Call of Duty 4. Ca tombe bien, c’est tout ce que nous voulions entendre. Basons nous donc sur la version XBox 360 du jeu – bien moins aliasée et plus fine – pour vous livrer rapidement nos impressions forcément moins exhaustives que pour les jeux que nous avons pu prendre nous-mêmes en mains, les sensations de jeu nous faisant encore défaut concernant CoD 4. S’il n’est pas le plus beau jeu de l’E3, Call of Duty 4 s’en rapproche en tout cas de très près, ce qui aura le mérite d'être clair. En effet, la scène que l’on avait vu tourner en vidéo est bien plus impressionnante encore lorsqu’elle est jouée devant nos yeux écarquillés. Physique, particules, lumières et ombres dynamiques, post-processing, tout est déjà en place pour que le jeu ait l’air d’un produit parfaitement fini et peaufiné.
En vrai, le développement de Call of Duty 4 est loin de toucher à son but mais la maîtrise technique de cette démo suffit à toute l’industrie pour qu’elle place de grands espoirs en ce quatrième opus de la série. Une scène en temps réel pendant laquelle tout est bouleversant de réalisme, que l’on parle des animations des personnages extrêmement bien détaillées ou des projections pyrotechniques suite aux lancers de grenades et autres tirs de roquettes. L’ambiance qui se dégage de cette scène est donc tout bonnement incroyable, avec les cris qui résonnent dans le casque, la spontanéité de l’action et les nombreux détails annexes qui participent évidemment à l’immersion du joueur dans l’instant. Call of Duty était à l’époque réputé pour avoir proposé l’un des tous meilleurs "grand débarquement" à vivre en jeu vidéo. Call of Duty 4 devrait également s’en tirer avec la reconnaissance de ses pairs en ce qui concerne le réglage de cette scène vraiment hors norme.
La scène, justement. Un élément au cœur de Call of Duty 4 comme nous le confessait Grant Collier qui est en charge du développement du jeu. Pour lui, un grand FPS ou un grand jeu d’action est un jeu dans lequel "le joueur joue un rôle précis dans une bataille mais a également l’impression diffuse que tout ce qu’il vit dans le jeu est au-dessus de sa propre position […] Certains effets de CoD 4 ne sont là que pour immerger le joueur, et chaque scène que nous imaginons est millimétrée". Tout fut donc bien pensé au préalable pour que cette démo fasse son petit effet sur l’E3, et cette dernière alterne à la perfection le bourrin des scènes de shoot pur (qui ne proposent pas encore une réelle progression tactique) et des phases plus calmes, laissant le temps au joueur d'admirer le paysage. L’action mise en avant s’inscrit donc dans la pure lignée de Call of Duty mais il est vrai qu’appliqué à un contexte moderne, le rythme du jeu (qui a toujours été soutenu) renforce l’aspect exaltant de ces scènes où tout se passe vite et lors desquelles on en prend plein la vue sans tout comprendre. Tout y passe d’ailleurs en terme de possibilités lorsque l'on aborde un rush : de la progression lente et à couvert au snipe toujours aussi efficace, en passant par l’intégration de cut-scenes pendant lesquelles il n’est pas question de relâcher son attention, le joueur étant toujours sollicité au moment où il s'y attend le moins. Pour des sensations visuelles carrément uniques de propreté, ce que l’autre démo de cet E3 (qui fut réservée à la conférence Microsoft) confirmait.
Et si Call of Duty 4 impressionne tout le monde jusqu’ici, c’est donc bien grâce à son sens de la mise en scène. Les gens de chez Infinity Ward ayant compris depuis bien longtemps que ce que recherchent les joueurs en matière de jeux d’action était de vivre des scènes bien réglées et fortes en sensations. Là ils devraient être servis, le but avoué étant de mettre sur pied une sorte de film interactif où l’action compterait énormément mais aussi dans lequel trame et réalisation ne seraient pas oubliées avec des choix artistiques se rapprochant de ceux des grosses productions hollywoodiennes. Bref, Call of Duty 4 - avant de peut-être s'imposer comme l'un des grands jeux de la fin d'année - a déjà réussi son E3 en faisant parler de lui partout. La révolution opérée au cœur de cette série est une bonne idée. La première démo est juste impressionnante de beauté. Que de qualités que les défauts de cette version d'essai n’auront pas réussi à faire flancher. L’impression finale est donc positive mais même si Call of Duty 4 sera peut-être le prochain standard graphique, il serait encore un peu trop optimiste de lui offrir le titre de "jeu de l’E3", des projets bien plus avancés ayant fait eux aussi très bonnes impressions ! Mais CoD 4 est sur la bonne piste, c'est une évidence...
Source : http://www.gamepro.fr/actualit Vue 425 fois